Au rez-de-chaussée, on aura deux petits murs en briques de terre crue. Pour l’inertie, principalement.
Les voisins et connaissances sont étonnés qu’une brique de terre non cuite puisse avoir autant de qualités que ça, et sont pour la plupart assez surpris (voire un peu incrédule). Pourtant, les vieilles granges et beaucoup d’habitats du coin ont pour la plupart été maçonnés en partie à base d’adobes (= briques de terre crue), appelés ici « clairons ».
Il faut dire que le village est parsemé d’anciennes carrières d’argiles et de sable, et ce n’est pas pour rien qu’y exerçaient autrefois de nombreux tuiliers et potiers…
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Au départ, nous n’avions pas en tête de fabriquer nous-mêmes nos briques, on avait l’intention d’en acheter des toutes faites, comme il peut s’en vendre dans les magasins tournés vers l’éco-construction.
[petite parenthèse : si nous n’avions pas choisi de les fabriquer, au vu des rencontres qu’on a faites par la suite, je pense qu’on ne choisirait plus de passer par ces magasins ‘spécialisés’ dans l’éco-construction, mais plutôt auprès d’artisans locaux ; comme une personne que nous avons rencontrée qui fabrique des briques et carreaux de terre cuite : elle était étonnée que les briques de terre crue vendues dans les magasins soient plus chères à l’unité que les mêmes briques qu’elle vend, et qui sont, en plus, cuites –donc qui ont subi plus d’opérations… ]
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Finalement, après en avoir vues ‘faites maison’ chez des auto-constructeurs locaux, on s’est lancés dans l’aventure !
On a la chance d’avoir une terre propice à ça sur le terrain, et un bon paquet en a été extrait pour le terrassement du chemin d’accès.
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Je passe les détails des premiers essais, avec différentes composition de terres, contenant plus ou moins d’argile ; à ces premières briques amoureusement soignées et parfaitement lisses qu’on n’osait pas démouler pour ne pas les abîmer ont succédé de plus grandes séries avec plus d’imperfections et de fissures, mais démoulables de suite (ce qui est avantageux quand on doit en produire une certaine quantité et qu’on n’a que trois moules 😀 ).
(et puis il faut se dire qu’à la phase finale, on ne verra plus ces briques cachées sous les enduits, donc peu importe l’aspect esthétique du moment qu’elles sont solides)
Autre point positif : un tas de terre dont la composition est naturellement idéale, pas trop d’argile, parfaite ! Pas de mélanges savants à faire, tout est prêt !
Dans la plupart des documents que l’on peut trouver sur la fabrication d’adobes, de la matière végétale est ajoutée à la terre, mais c’est une option que nous n’avons pas retenue, donc nos briques sont 100% terre crue.
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Avant de passer aux photos, petites précisions : outre les avantages écologiques, la terre crue a d’autre atouts en plus d’être locale : isolation phonique, grande inertie (ce qui est un bon complément pour les maisons en bois qui en ont peu), et régulation de l’humidité et des odeurs.
Les moules sont mouillés avant chaque utilisation pour enlever la terre collée.
Au final, 352 briques (exactement !) d’environ 3 kilos une fois sèches. Dimensions du moule : 20 cm * 11 cm * 7,5 cm.
Début de la construction des deux petits murs. Je n’ai pas déchargé les photos plus recentes.
On maçonne par trois rangs, pas plus, et avec trois jours de pose pour laisser sécher.
La terre utilisée pour le mortier est la même que celle utilisée pour les briques.
Flo rajoute des vis longues tous les trois rangs et fixées dans les poutres pour ‘tenir’ le mur.
C’est agréable de travailler la terre et d’en avoir plein les doigts, mais c’est surtout Flo qui s’y colle : pas toujours facile d’intervenir rapidement avec les loulous lorsque justement, on en a plein les doigts 😀 .
Docs sur la fabrication d’adobes :
http://www.meda-corpus.net/libros/pdf_fiches/syria_eng/rehab/1-10%20FR.pdf
Un sujet de discussion sur un forum qui contient plein de liens
Petite pub au passage pour un très chouette projet du Sud-Charente 🙂 : http://www.pays-sud-charente.com/static/fichiers/uploads/description.pdf
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